L’expression « services de proximité » est apparue à la fin des années 80 et regroupe une grande diversité d’activités dont l’étendue varie en fonction des définitions et des classifications retenues. Sous ce vocable sont ainsi fréquemment désignées des activités aussi diverses que l’accueil des jeunes enfants (de 0 à 3 ans), l’accueil des enfants en extrascolaire, la garde d’enfants malades, l’aide à domicile des personnes dépendantes, le transport des personnes à mobilité réduite, le logement des populations fragilisées ou encore l’entretien et l’aménagement des espaces collectifs au sein de quartiers dégradés. Par ailleurs, la Commission Européenne a désigné en 1995 quatre domaines au sein des services de proximité, à savoir : les services à la vie quotidienne, les services d’amélioration du cadre de vie, les services culturels et de loisir et les services d’environnement. Cependant, il n’existe actuellement pas de définition communément admise permettant de déterminer l’étendue exacte de ce champ.
La définition la plus pertinente à nos yeux considère les services de proximité comme des services répondant à des demandes individuelles ou collectives à partir d’une proximité soit objective, parce que ancrée sur un espace local restreint, soit subjective, c’est-à-dire renvoyant à la dimension relationnelle de la prestation (Laville et Nyssens, 2000). Cette définition nous semble intéressante, car elle met en avant aussi bien les différentes dimensions de la proximité que le caractère potentiellement collectif des bénéfices engendrés.
Au niveau de la nature de la proximité, on distingue donc deux cas de figures. D’une part, la proximité peut être définie par des critères objectifs d’espace et de temps et il est dès lors question de proximité objective. Les services peuvent alors être délimités géographiquement ou impliquer une proximité physique entre le prestataire et l’usager. D’autre part, c’est la relation entre le prestataire et l’usager qui peut être déterminante pour la qualité du service, et la nature de la proximité est alors qualifiée de subjective. Dans ce cas, la relation, « coproduction » émanant du prestataire et de l’usager est au centre de la prestation et les services sont qualifiés de relationnels. La confiance s’avère être un enjeu central dans le cadre de ces services puisque ceux-ci entrent généralement dans l’intimité des usagers et interfèrent avec leur vie professionnelle et familiale. Par ailleurs, la dimension relationnelle des services de proximité signifie aussi que ces services engrangent uniquement de faibles gains de productivité, étant donné la nécessaire présence d’un contact direct entre prestataire et usager. Dans ce contexte, les services de proximité représentent potentiellement un important gisement d’emplois. Cependant, l’économie traditionnelle ne preste que rarement ce type de services, en raison justement de ces faibles gains de productivité (Gadrey, 2003).
Par ailleurs, les services de proximité sont des services individuels susceptibles toutefois d’engendrer de nombreux bénéfices collectifs, au travers notamment d’une amélioration de la santé, de l’éducation ou encore du marché du travail. Ces bénéfices collectifs ne sont cependant pas toujours pris en compte par les producteurs et les usagers, engendrant de facto des situations sous-optimales du point de vue de l’intérêt général. Ainsi, certaines de ces prestations de par leur nature collective pourraient légitimer une intervention étatique. Cela n’est toutefois pas toujours le cas et les différents acteurs articulent bien souvent diverses sources de financement pour parvenir à effectuer leurs prestations. A cet égard, on note une tendance, plus ou moins marquée selon les pays, de mise en concurrence des différents types de prestataires (du secteur privé à but lucratif, du secteur de l’économie sociale et du secteur public) dans le cadre d’un nouveau type de régulation, davantage basée sur le marché.
L’engouement actuel vis-à-vis des services de proximité peut notamment s’expliquer par le fait qu’ils constituent des éléments de réponse pertinents à de nouveaux besoins particulièrement criant qui sont apparus avec les évolutions de la société, tant d’un point de vue démographique (prolongation de l’espérance de vie, chute de la natalité, augmentation du taux d’activité des femmes,…), socio-économique (défis du chômage, de l’exclusion…) que culturel (faible participation à la vie civique,…). L’enjeu de ces services est donc central pour nos sociétés contemporaines.
Références :
- Gadrey, J. (2003), Socio-Economie des services, La découverte, Paris
- Gilain B., Jadoul B., Nyssens M., Petrella F. (1998), « Les services de proximité. Quels modes d’organisation socio-économiques pour quels enjeux ? », Les cahiers du Cerisis 98/6, Louvain-la-Neuve
- Laville J.L., Nyssens M. (2000), « Solidarity-Based Third Sector Organizations in the « Proximity Services » Field: a European Francophone Perspective », Voluntas,11-1, pp. 67-84.
- Laville J.-L., Nyssens M. (2005), « Services de proximité », in: Laville, J.-L., Cattani, A.D. (ed),Dictionnaire de l’Autre Economie, Desclée de Brouwer, Paris, pp. 451-460