Organisation non gouvernementale (ONG)

Le terme ONG recouvre des réalités très différentes. Il englobe des organisations hétérogènes par leur origine, leurs activités, leur mode de fonctionnement, leur taille, leurs ressources humaines, leur structure d’organisation, leur philosophie ou stratégie d’intervention, l’impact de leurs actions, … P. Ryfman rappelle qu’étant donné qu’il « s’agit d’un terme libre d’appropriation et qui ne constitue pas, à de rares exceptions, dans les droits nationaux une catégorie juridique spécifiquement délimitée, et encore moins en droit international (…), de plus en plus d’entités, petites ou grandes, tendent à s’auto-baptiser ou se rebaptiser ’ONG’ » (2004, p. 5). Appréhender le monde des ONG implique donc de s’intéresser à un ensemble d’organisations hétéroclite et difficile à circonscrire.

L’expression « organisation non gouvernementale » date de l’après-Seconde Guerre mondiale : elle apparaît pour la première fois en 1945 dans la Charte des Nations Unies, qui marque ainsi la reconnaissance par l’ONU et la communauté internationale de l’existence d’autres acteurs aux côtés de l’Etat, et de la place qu’il convient de leur assigner. Depuis l’apparition du vocable, nombreuses ont été les tentatives de définition, qui se distinguent selon la perspective adoptée (celle des juristes, des sociologues, des politologues ou des économistes) ou selon les caractéristiques mises en évidence. Mais à ce jour, aucune définition ne fait consensus et n’est capable de rendre compte de l’hétérogénéité des ONG.

Face à cette difficulté de parvenir à une définition, une autre approche pour  appréhender le champ des ONG repose sur leur classification en fonction de divers critères (COTA, 2005, p. 109) :

  • leur origine et leur implantation à un niveau local, national ou international ;
  • leur champ d’action géographique ;
  • leurs sources de financement, selon que les ONG font volontairement appel ou non aux financements des pouvoirs publics, qu’elles se financent en combinant ou non ressources publiques et privées, etc ;
  • leurs activités : les ONG œuvrent principalement dans des domaines tels que l’aide au développement, l’urgence ou l’humanitaire, l’environnement, les droits de l’homme, la construction de la paix, le commerce équitable, la protection des biens culturels, etc. (Ryfman, 2004) ;
  • leur logique d’intervention : certaines ONG jouent un rôle de groupe de pression ou de défense de causes, réalisent un travail de sensibilisation du public ou interviennent auprès des pouvoirs publics. D’autres sont en première ligne lors de catastrophes ou de conflits (ONG humanitaires). D’autres encore ont un rôle d’intervention sociale ou de développement avec un objectif de long terme. Enfin, il existe des ONG « coupoles », regroupant d’autres ONG.

Enfin, selon P. Ryfman (2004), une autre manière de distinguer les ONG dans le champ des organisations est de mettre en évidence une série de caractéristiques minimales communes. Il s’agit d’une part de la notion d’association, de regroupement de personnes dans une structure permanente autour d’un objectif commun et sans but de lucre, à savoir la réalisation d’un projet au bénéfice d’autrui notamment. De ce fait, les ONG doivent présenter une forme juridique particulière (ASBL en Belgique), qui traduise l’absence d’objectif de profit. Par ailleurs, les ONG doivent faire preuve d’indépendance à l’égard des secteurs public et privé, au niveau national et international, et bénéficier d’une totale autonomie de gestion et de décision. De plus, ces organisations, enracinées dans la société civile, promeuvent certaines valeurs à travers leurs actions, telles que l’engagement libre et consenti, le respect des droits humains, la justice sociale, la démocratie, le développement durable, la solidarité, l’altruisme, le partenariat Nord-Sud, etc. Enfin, les actions menées par les ONG revêtent généralement un caractère transnational.

Acteurs aujourd’hui incontournables, les ONG sont aussi le centre de débats animés. En effet, alors qu’il se passe rarement un jour sans que l’actualité n’en fasse mention, elles sont régulièrement la cible de critiques quant à leur légitimité, leur efficacité, leur indépendance financière et politique, le rôle qu’elles ont à tenir au sein de la société contemporaine, etc. Face à ces reproches répétés, les ONG elles-mêmes et leurs parties prenantes ont amorcé, il y a une quinzaine d’années, un processus de remise en question de leur gestion, des pratiques qui y sont exercées et des valeurs qui les animent. Comme le souligne T. Wallace, « les ONG ont le devoir de prendre du recul et d’être critique à l’égard d’elles-mêmes tant pour examiner jusqu’à quel point leurs propres pratiques encouragent les valeurs qu’elles épousent, que pour évaluer si leur logique de fonctionnement leur permet ou non de s’engager positivement dans la vie des personnes défavorisées » (2000, p. 19).

Aussi les ONG sont-elles appelées aujourd’hui à relever un certain nombre de défis qui concernent entre autres la professionnalisation du secteur, le problème de l’éparpillement des actions due au grand nombre d’acteurs et d’initiatives, la légitimité et la représentativité des acteurs face à de multiples parties prenantes, l’indépendance à l’égard des pouvoirs publics, les relations avec le secteur privé et les risques et opportunités qu’elles comportent,… (Brown et Kalegaonkar, 2002).

Références :

  • Brown L. D., Kalegaonkar, A., « Support Organizations and the Evolution of the NGO Sector »,Nonprofit and Voluntary Sector Quarterly, vol. 31, n°2, 2002, p. 231-258
  • COTA, Les ONG, qu’est-ce que c’est ? Regards croisés entre personnalités belges et ONG de développement, Editions Couleur livres, Charleroi, 2005
  • Ryfman, P., Les ONG, Editions La Découverte, Paris, 2004
  • Stangherlin, G., « Les organisations non gouvernementales de coopération au développement. Origine, cadre juridique, cofinancement et enjeux », Cahiers du CRISP, n° 1714-1715, Bruxelles, 2001
  • Wallace, T., « Introductory essay: Development management and the aid chain: the case of NGO », in : Deborah Eade, Tom Hewitt et Hazel Johnson, éd., Development and Management: Experiences in Value-Based Conflict, Oxfam GB, Oxford, 2000
2018-04-04T14:08:20+00:00 décembre 20th, 2017|